Avec le mime Jean-Gaspard Deburau, le personnage de « Pierrot » acquiert ses lettres de noblesse. Il n’est plus une espèce de niais qui reçoit des coups, comme dans la Commedia dell’ Arte, mais un personnage très populaire, dont l’expression gestuelle silencieuse fascine et marque les grandes heures du Théâtre des Funambules.

Le costume du « Pierrot » est modifié ; la collerette du Pucinello italien disparaît, les manches sont plus amples pour permettre des gestes plus grands, précis. La chevelure est enfermée sous une calotte noire et le visage n’est plus caché sous un masque mais peint en blanc.

Le rôle de Pierrot sera repris par son fils Charles Deburau, dont l’élégance et la finesse sont admirées. Il exporte l’art de la pantomime en Égypte, tourne en se produit à Paris, joue à l’Alcazar de Marseille (1867 à 1869), pour terminer sa carrière à Bordeaux.

Le disciple de Charles Deburau, le mime Louis Rouffe, constituera à Marseille une troupe de mimes où il crée une école des Pierrots. Il enseigne à ses élèves la technique de la pantomime, à « faire la liaison des gestes, à les souder l’un à l’autre, à construire la phrase mimée. »

Marseille devient alors « la capitale de la pantomime » et forme de nombreux disciples.

D’autres mimes vont ensuite s’illustrer avec des visions différentes du personnage de Pierrot. Le mime Séverin perfectionne le geste, le jeu et l’attitude et fait également triompher la pantomime française sur les scènes internationales.

Le dernier grand mime de la Belle Epoque sera George Wague. Il se fait connaître par les « Cantomimes », où il mime sur scène les paroles qui sont chantées en coulisse. Il sera le professeur de mime de l’écrivain Colette, et de Jean-Louis Barrault, à qui il apprendra la gestuelle du « Pierrot » pour interpréter le rôle de Baptiste dans Les Enfants du Paradis, de Marcel Carné.